
Quand vous démarrez un projet, plongez-vous dans les détails ou prenez-vous d'abord du recul pour en comprendre tous les enjeux ? Cette capacité à "voir large", appelée vision globale, est souvent sous-estimée, mais elle fait toute la différence dans le contexte professionnel. Plus qu'une simple vue d'ensemble, c'est la capacité à comprendre les dynamiques complexes, à interconnecter les éléments et à anticiper les impacts de nos décisions.
Dans ce quatrième épisode de la saison 2 de notre podcast “Au cœur des soft-skills”, nous abordons l’art de "prendre de la hauteur" avec notre invité Patrick Leguide, expert en psychologie cognitive et fondateur de Central Test.
Qu’est-ce que la vision globale ?
Selon Patrick, la vision globale, c'est avant tout "une vision d'ensemble". Mais attention, cette définition ne suffit pas à elle seule. La vision globale, c'est aussi une capacité à interconnecter les éléments et à anticiper les conséquences de chaque action. Elle s’appuie largement sur l'intuition, cette faculté de percevoir rapidement des situations complexes. Et cette intuition, elle-même, est profondément liée à notre cerveau droit, qui régit les émotions, les ressentis, et tout ce qui touche aux compétences spatiales et à la visualisation.
Patrick souligne que la vision globale ne se limite pas à la simple perception. Elle doit aussi s’accompagner d’une capacité à revenir sur les détails lorsqu’il le faut. En d’autres termes, pour véritablement exceller, il est essentiel de basculer entre une vue d’ensemble et une attention minutieuse aux éléments techniques. "La vision globale fait appel à l’intuition, mais elle doit aussi se nourrir de technicité lorsque c’est nécessaire", précise Patrick.
L’intuition : un allié incontournable de la vision globale
L’intuition joue un rôle crucial dans la vision globale. C’est ce qui permet, par exemple, à un leader ou un manager de "relier les points", d’anticiper les évolutions futures à partir des signaux faibles. Cependant, Patrick insiste sur l’importance de nourrir cette intuition avec des détails concrets. Par exemple, pour Steve Jobs, bien qu’il soit perçu comme un visionnaire ayant révolutionné le secteur technologique, sa capacité à maîtriser les détails de chaque produit a été tout aussi essentielle à son succès.
En milieu professionnel, la vision globale aide à contextualiser les situations au lieu de se limiter aux détails techniques. Par exemple, un chargé de recrutement peut aller au-delà de rédaction d'une simple fiche de poste et l'enrichir en intégrant les valeurs et la culture d'entreprise, pour en faire une proposition plus inspirante pour les candidats.
La métacognition : un levier pour développer la vision globale
Un autre concept clé de la vision globale est celui de la métacognition. "C’est la faculté de réfléchir à la manière dont on pense", explique-t-il. Cette capacité permet à chacun de prendre du recul sur ses schémas mentaux et d’alterner entre une vue globale et une approche détaillée, selon les besoins de la situation.
Le cerveau humain fonctionne en collaboration constante entre les hémisphères droit et gauche. La métacognition est ce qui nous aide à basculer d’un mode de perception à un autre, et ainsi à mieux naviguer dans des environnements complexes.
Pourquoi la vision globale est-elle essentielle aujourd’hui ?
La vision globale n'est pas réservée aux dirigeants ou aux stratèges : c'est une compétence précieuse à tous les niveaux de l'organisation.
- La stratégie : Pour définir les grands axes et objectifs d’une entreprise, il est indispensable d’avoir une vue d’ensemble qui englobe les valeurs, les enjeux du marché et les attentes des clients.
- La prise de décision : La prise de décision éclairée ne doit pas s'appuyer uniquement sur des indices isolés. Il est essentiel d’adopter une approche multicritères et rassembler un maximum d’éléments (par exemple pour un recrutement des tests, expériences, références, etc.) afin de prendre une décision qui soit alignée avec l’ensemble des informations disponibles.
- La résolution de problèmes complexes : Face à des problèmes épineux, la vision globale permet de prendre du recul, de décomposer les questions en sous-problèmes, et d’adopter une approche plus systémique pour trouver des solutions efficaces.
Comment développer sa vision globale ?
Dans un monde où l'intelligence artificielle redéfinit nos métiers et où tout est interconnecté, développer cette compétence est essentiel. Voici quelques conseils pratiques partagés par Patrick pour renforcer cette compétence :
- Connaissance de soi : Commencez par identifier vos propres modes de perception. Êtes-vous plus centré sur les détails ou avez-vous tendance à prendre du recul facilement ?
- Pratiquer la métacognition : Apprenez à basculer entre la vue d’ensemble et les détails. Cela peut se traduire par une meilleure réflexion sur vos actions quotidiennes, que ce soit dans la gestion de projets ou la prise de décision.
- Cultiver la curiosité : Explorez différents domaines, lisez sur des sujets variés et diversifiez vos centres d’intérêt pour nourrir votre vision globale.
- Intégrer vos émotions : Les émotions sont une composante essentielle de la vision globale. Elles vous permettent de ressentir les situations dans leur ensemble, de capter des signaux faibles et d’interagir de manière plus empathique avec votre environnement.
"Il est important de rappeler que la vision globale n’est pas réservée aux grands décideurs. Elle est accessible à tous et permet de mieux naviguer dans les environnements complexes. C’est une compétence que l’on peut développer, un peu comme un muscle, à force de pratique.” conclut Patrick.