
Ils sont nés avec un smartphone dans la main, un profil LinkedIn dès l’école de commerce, et l’idée bien ancrée qu’on ne vit pas pour travailler, mais qu’on travaille avec du sens. Bienvenue dans l’univers de la génération Z, ces jeunes actifs nés entre 1995 et 2010 qui débarquent (massivement) sur le marché du travail, et qui, spoiler alert, ne se managent pas comme leurs aînés.
Si vous pensiez qu’un bon management se résume à fixer des objectifs SMART, faire une réunion hebdo et corriger les PowerPoints avec un stylo rouge… préparez-vous à revoir votre copie.
Qui sont vraiment les Z ?
Génération Z : ni aliens, ni fainéants, mais clairement… différents
Pas besoin d’être sociologue pour comprendre que les Z n’ont pas grandi dans le même monde que les X ou les Y.
- Ils ont connu l’instabilité : crise économique, pandémies…
- Ils ont grandi avec Internet, YouTube, TikTok, l’instantanéité.
- Ils sont sensibilisés très tôt aux questions de santé mentale, d’écologie, d’inclusion.
- Ils ont été élevés dans un monde où tout est noté, comparé, évalué.
Résultat ? Ce sont des profils exigeants, mais lucides. Ils ne supportent ni le bullshit, ni les process à rallonge. Ils challengent l’autorité, cherchent du sens, veulent apprendre — et s’épanouir, si possible sans y laisser leur santé mentale.
Ce qu’ils attendent ? Un manager humain, qui les voit comme des personnes avant de les voir comme des ressources.
Le manager « coach », pas gourou, pas baby-sitter
Le modèle de leadership que la Gen Z rejette : le chef à l’ancienne, directif, centré sur la productivité, qui parle plus qu’il n’écoute.
Celui qu’elle plébiscite : le manager coach.
Pas un coach de vie, mais un cadre qui accompagne, guide, fait grandir. Quelqu’un qui :
- pose un cadre clair,
- encourage l’autonomie,
- donne du feedback utile (et régulier),
- s’intéresse réellement à la progression de ses collaborateurs.
Un manager coach ne contrôle pas chaque action. Il fait confiance. Il n’a pas peur de dire « je ne sais pas », ni de laisser de la place à l’expérimentation.
En bref : il ne gère pas une équipe comme un tableau Excel, mais comme un collectif en mouvement.
Ce que la génération Z n’attend pas (vraiment) :
- Des horaires rigides « 9h-18h sinon gare à toi »
- Des injonctions floues comme « sois plus proactif » ou « il faut faire preuve d’ownership »
- Des réunions sans but, ou pire : sans fin
- Un manager qui délègue sans transmettre
Les 5 piliers d’un bon management de la génération Z
1. L’écoute active, pas le monologue
La Gen Z ne veut pas seulement exécuter. Elle veut comprendre le pourquoi. Ce n’est pas un manque de respect, c’est une recherche de cohérence.
Ce qu'un bon manager fait :
Il pose des questions vraiment ouvertes et prend le temps d'expliquer ses décisions, car il sait que la compréhension précède l'engagement. En cherchant à comprendre ce qui motive ou bloque chacun dans son équipe, il transforme l'écoute en véritable outil de management plutôt qu'en simple bienveillance molle.
2. Le feedback, comme levier de progression
Exit les entretiens annuels poussiéreux. Les Z veulent du feedback en continu. Pas pour être notés, mais pour progresser.
Ce qu'un bon manager fait :
Il donne du feedback en temps réel tout en encourageant les retours dans les deux sens, créant ainsi une dynamique d'amélioration continue. Il célèbre les petites victoires autant que les objectifs atteints et corrige sans humilier en expliquant sans infantiliser. Pour un Z, un bon feedback, c'est avant tout clair, honnête et constructif.
3. L’autonomie encadrée : ni microgestion, ni abandon
Non, ils ne veulent pas qu’on leur tienne la main. Mais non plus qu’on les laisse livrés à eux-mêmes avec une phrase type « débrouille-toi, c’est formateur ».
Ce qu'un bon manager fait :
Il fixe un cadre précis puis laisse de la liberté dans les moyens, sachant que cette autonomie progressive se mérite et se construit. Il accompagne les premières fois lors des présentations client ou projets complexes, puis instaure des points d'étape réguliers sans pour autant tomber dans le flicage.
L'autonomie, ça se construit — ça ne s'impose pas.
4. Le sens au travail : pas du storytelling, du vrai
La génération Z ne veut pas bosser plus pour gagner plus. Elle veut que son travail ait un impact réel. Que ce soit pour les clients, les équipes, la planète, peu importe — mais ça doit avoir un sens.
Ce qu'un bon manager fait :
Il explique la finalité des missions en reliant systématiquement les objectifs individuels à ceux de l'entreprise, créant ainsi une vision cohérente plutôt qu'un simple storytelling. En partageant les réussites collectives, il montre concrètement l'impact du travail de chacun.
Raconter une vision, ce n'est pas vendre du rêve, c'est créer de la cohérence.
5. L’environnement de travail : flexible mais pas flottant
Télétravail, horaires souples, dress code libre… oui, la Gen Z y tient. Mais pas au détriment d’un cadre ou d’un esprit d’équipe.
Ce qu'un bon manager fait :
Il clarifie d'abord les règles du jeu concernant le présentiel, la disponibilité, et encourage activement les temps collectifs comme les déjeuners d'équipe ou les projets en binômes. Il accepte même de revisiter certaines règles en co-construction avec son équipe, car un environnement flexible repose sur un contrat de confiance — pas sur un laxisme généralisé.
Et si on adaptait aussi la formation des managers ?
Soyons honnêtes : beaucoup de managers actuels n’ont jamais été formés à accompagner des profils comme ceux de la Gen Z. Ils reproduisent ce qu’ils ont vécu, ou improvisent. Résultat ? Des tensions, des incompréhensions, parfois des ruptures de contrat précoces.
Il est temps d’investir dans une formation managériale nouvelle génération :
- centrée sur les soft skills,
- orientée accompagnement et posture,
- avec des cas concrets, du coaching et des outils de feedback.
Et surtout : il est temps de valoriser ce rôle de manager comme un acte de responsabilité sociale — pas juste un échelon hiérarchique.
Manager la génération Z demande du temps, de l’agilité, parfois un peu d’humilité. Mais c’est aussi une opportunité formidable de repenser le management dans son ensemble.
Moins vertical, plus humain. Moins basé sur le contrôle, plus fondé sur la confiance.
En répondant aux attentes de la génération Z, vous préparez l’entreprise à mieux fonctionner… pour toutes les générations.