Pas moins de 3 générations d'individus se côtoient dans le monde du travail : la génération X (1965/1979), la génération Y (1980/1995) et la génération Z (à partir de 1995). Elles cohabitent certes dans le même cadre professionnel, pour autant leurs attentes professionnelles et motivations ne sont pas les mêmes. On parle de décalage, voire de “choc” entre les générations. Les différences entre générations interpellent - la preuve, avec le terme “Millenials”, un concept qui désigne la génération Y, et largement marketé ces dernières années.
Maria Pia Donati, consultante psychologue pour Central Test, décrypte les attentes inter-générationnelles et les motivations au travail, en s’appuyant sur les résultats du test de personnalité et de motivation Profil Pro 2 et sur le test d’intérêts professionnels Vocation, étude conduite par Jonathan Kennedy, psychométricien pour Central Test.
Des attentes professionnelles qui ne cessent d’évoluer
C’est un fait, ces 50 dernières années. la vision du travail n’a eu de cesse de changer. Une des raisons principales est la possibilité de changer plus facilement d’employeur, et donc de prendre en main sa carrière pour évoluer plus rapidement. “Les résultats du test Profil Pro 2 confirment cette hypothèse. Il semblerait en effet que la génération Z soit plus ambitieuse que les plus expérimentées, avec des scores plus élevés sur cet aspect en comparaison aux générations X (+26%) et Y(+6%). Plus d’ambition implique un besoin de stimulation, de challenge et d’apprentissage plus importants. C’est pourquoi la génération Z n’hésite pas à changer d’employeur pour répondre à ses attentes,” explique Maria Pia Donati.
Des envies et des préoccupations influencées par l’époque
La mutation de la société, le changement d’éducation, et, évidemment, l’essor des nouvelles technologies, créent tous les jours des métiers dans le numérique. Il n’est donc pas étonnant de noter que la génération X est 15% plus intéressée par les activités manuelles et techniques que la génération Z. La génération Y, quant à elle, est 5% plus intéressée par les sciences et les nouvelles technologies que la génération X, et la génération Z 7% plus intéressée que la génération X (résultats basés sur le test Vocation).
Dans cette lignée, on remarque que la génération Y (les Millenials) est 9% plus intéressée par les métiers liés aux données et aux chiffres comparée à la génération X. La génération Z est 9% plus intéressée par ce facteur que la génération Y, ce qui creuse un écart de 24% entre la génération X et Z. A noter également : les Millenials sont moins intéressés par le domaine du social (-15%) par rapport à la génération X. “Ces résultats pourraient être liés à un changement de mentalité profond lié aux crises économiques. N’oublions pas que la génération X a grandi dans une époque de développement économique important, alors que la génération Y a connu la crise de 2008,” souligne Maria Pia Donati.
La place centrale, obtenue par la finance, la culture du chiffre et la quête à la performance pourraient expliquer un changement de valeurs et donc d’intérêts. “Les nouvelles générations seraient donc naturellement plus intéressées par les données statistiques et les sciences plutôt que par le fait de pouvoir travailler dans le social ou avec leurs mains. Une autre interprétation pourrait être que les nouvelles technologies, fondamentalement scientifiques et mathématiques, pourraient avoir influencé les intérêts des nouvelles générations et donc leurs motivations au travail,” conclut Maria Pia Donati.
Cependant, il est important de noter que ces résultats peuvent être influencés non seulement par la génération dans laquelle on vit, mais aussi par l’âge des sondés. En effet, quoi de plus normal pour les jeunes générations, qui entrent sur le marché du travail, de se montrer ambitieuses ? Dans cette optique, que les générations X et Y aient davantage envie de manager semble également être logique (+17,65 entre la X et la Z). Elles ont en effet plus d’expérience, et souhaitent ainsi accompagner les nouvelles générations, et transmettre leurs compétences.
*Enquête réalisée en 2018, résultats basés sur 20 871 sondés français et britanniques pour le test Vocation et 65 604 français pour le test Profil Pro 2.